Pensée et poésie . Entretien avec Claire Lejeune (1988)


Au travers de sa poétique sauvage, de l’indompté, du corps soustrait à la tyrannie de l’esprit rationnel, Claire Lejeune nous lègue un vertige de sensible en acte, de concept en mouvement. Comme René Char le lui écrivait dans une lettre de 1966, « Il manquait à la poésie de ce temps une voix pourpre. Nous l’avons désormais ».

                                                 Véronique Bergen


(L'entretien est extrait de la revue Etudes Litteraires Volume 21Numéro 2, automne 1988)


Marcel Voisin Ta poésie, au moins pour une bonne part, semble s'inscrire dans une tradition aphoristique. Spontanément ou délibérément?

Claire Lejeune L'aphorisme en tant qu'il est l'expression la plus pure d'une pensée poétique ne peut s'écrire de propos délibéré. Il s'impose. La poésie, à partir d'un certain seuil d'intensité, de nécessité, ne peut plus s'exprimer que par aphorisme, la parole en boule (M. Blanchot) étant la plus proche de la perfection du silence. Entre métaphore et aphorisme se joue le grand jeu de l'abstraction poétique qui n'a rien de commun avec ce qu'on appelle ordinairement l'esprit de synthèse. Le poète fait corps avec ses images, il « est » métaphore de l'univers et lorsque le feu de sa pensée dévore ses images, c'est sa vie même qui flambe. Il ne sort jamais indemne de son engagement total dans l'écriture, de cette passion de l'originel qui s'exauce d'un éclair de lucidité, de la blessure la plus rapprochée du soleil (R. Char). Le poète s'inclut dans sa pensée. Des courts-circuits qui ne cessent de se produire entre sa subjectivité et son objectivité jaillit cette lumière nature (Rimbaud), cette foudre qui pilote l'univers (Heraclite) dont la poésie majeure se fait matière aphoristique. Penser en poète, c'est habiter sa pensée en même temps qu'on est habité par elle, c'est se subvenir sans cesse à soi-même, brûler des formes pour gagner sa vie (Artaud). Entretenir sa transparence, sa présence à soi, c'est comme le dit encore Heraclite vivre de mort et mourir de vie.



Il existe effectivement un grand malentendu quant à la notion d'aphorisme. Le même terme peut désigner une parole définitive, maximale, où la pensée s'éteint en s'obturant, comme il peut désigner une parole infinitive, minimale, d'où fuse inextinguiblement la lumière du pur possible, éclairant à la fois le versant du vécu dont elle est la quintessence et le versant de l'à-vivre dont elle est la chance. La parole resurrectionnelle est l'exploit de la passion ; la maxime que profère la raison sonne le glas de la passion. Les aphorismes d'Heraclite, de Nietzsche, de Char relèvent de la parole infinitive. Si ma pensée s'apparente à une tradition, ce ne peut être qu'à celle des présocratiques, réactivée en moi en 1960, par une initiation «sauvage» aux structures archaïques de l'imaginaire. J'étais inculte à l'époque ; j'ai découvert Heraclite d'abord, puis Char et Nietzsche bien après avoir écrit mes premiers aphorismes. Lire Heraclite fut pour moi la révélation du frère en la pensée. Ce doit être dans cette fraternité païenne que j'ai puisé mes premières forces de résistance à l'inquisition patriarcale.

Rien ne m'est plus intolérable que le sentencieux s'il pontifie, s'il se veut être l'expression du clos, de l'immuable, du définitif. S'il a la prétention de faire loi. Et rien ne m'est plus inhérent que la foudre oraculaire où être et non-être se signifient communément ; desastreusement car l'irruption de la puissance du nouveau dans une mentalité ne se produit jamais sans la destruction plus ou moins brutale des formes de l'ancien. Une des choses que sait la poésie qui pense, et qui suffirait à caractériser sa vitalité, c'est que l'apocalypse est signe de genèse, qu'une fin est toujours lieu d'un commencement. Ce qui demeure invisible au regard opaque du savant — l'origine dans l'imminence de la fin — est lisible au regard transparent du voyant. Dans les désastres successifs de sa propre image du monde, un poète apprend à lire l'avenir alors qu'il n'est encore qu'une chance infime. La poésie porte chance en ce sens qu'elle est toujours enceinte d'un nouveau jour, d'un nouveau monde. L'histoire du passé lui importe parce qu'elle est elle-même l'histoire — heureuse ou malheureuse — d'une chance, et dans la mesure où sa pensée peut y trouver de quoi fortifier l'enfant qu'elle porte. La mémoire poétique ne s'encombre d'aucun savoir, elle ne retient du passé que ce qui regarde l'avenir. Elle oublie créativement. Il arrive que la poésie avorte de son projet et que le poète en crève car il est plus difficile de faire son deuil d'une image du futur que d'une image du passé. (Ici, j'ouvre une parenthèse pour dire qu'une femme poète porte l'avenir autrement, la mémoire du corps féminin n'étant pas celle du corps masculin. J'y reviendrai.) De déception en déception, de deuil en deuil, la vision s'épure, les contours du nouveau monde se précisent, le rêve est de moins en moins flou, jusqu'à devenir la maison du réel. À la faveur de mon dernier livre, Âge poétique, âge politique, ma pensée, en son équinoxe d'automne, a atteint cette cité réelle promise à l'obstination poétique. Son ouvrage est maintenant de l'aménager pour y vivre son dernier quartier. C'est désormais de ce lieu qui fut mon utopie que j'écrirai. 



M.V. - D'ordinaire, pensée et poésie apparaissent plutôt comme antinomiques. On connaît les difficultés de la « poésie philosophique». Qu'en penses-tu ? 

CL. - Ta question nous ramène à la même antinomie que celle que j'évoquais à propos de l'aphorisme. La poésie dont l'enjeu devient délibérément philosophique se perd si sa visée objective a le malheur d'être atteinte. Sa seule chance de salut réside dans le ratage de ce suicide, dans la reconnaissance lucide de l'incompatibilité radicale qu'il y a entre l'acte poétique et l'acte philosophique. Il faut avoir intimement vécu le rejet de la pensée autogénérative par l'intelligentsia régnante, avoir subi son mépris et son inquisition (on peut se demander si Socrate avec son « connaistoi toi-même », ne fut pas en réalité la victime exemplaire, le bouc émissaire du platonisme, comme le fut le Christ pour le christianisme)pour que l'obsession d'en comprendre la cause mobilise toutes vos énergies. Cette patiente filature se serait probablement perdue dans la nuit du labyrinthe si l'Ariane que je suis n'avait pas rencontré ce texte de Platon où il se justifie d'avoir explicitement mis la poésie à la porte de sa république. À partir de ce texte capital, le procès de la philosophie peut être — au seuil du troisième millénaire — instruit par le poète en quête de sa légitimité. S'agissait-il pour Platon d'exclure la poésie homérique, son délire mythologique ou bien cette pensée héraclitéenne où poésie «est» philosophie du changement? Toujours est-il qu'il s'agissait alors d'établir durablement la Cité idéale, de fonder l'Ordre de la raison donc d'exclure de la Cité toute pensée du désordre, toute pensée sauvage. Il s'agissait de fonder la souverainetédu logos moyennant le rejet de la pensée pythique; de garantir le maintien de la distance entre le sujet et l'objet, d'assurer la domination de je sur l'autre, du maître sur l'esclave, du masculin sur le féminin, de la culture sur la nature. Ainsi commencèrent, au nom de la science occidentale à venir, à se tarir les sources du grand art. 

Il est évident que pour fonder la civilisation patriarcale, il fallait exclure le tiers, autrement dit exclure de la Cité celui dont la pensée s'autogénérait librement de l'incessant métissage des contraires. Il fallait interdire la pensée mitoyenne, priver de sa citoyenneté tout enfant naturel de l'intelligence, toute pensée sui generis qui ne faisait pas allégeance à la raison du Père. À partir de cet édit d'exclusion, la poésie — qui pense comme on respire, pour vivre — serait désormais paria, d'autant plus si le poète était féminin. Il aura fallu près de vingt-cinq siècles d'exclusion pour comprendre qu'interdire la pensée prélogique ne suffit pas à en détruire les racines. Il fallut la naissance de la psychanalyse pour s'apercevoir que sa magie opère inextinguiblement dans les profondeurs de la mémoire, avec une autonomie d'autant plus grande que l'inconscient est coupé du conscient. Mais à l'heure qu'il est, la psychanalyse est loin d'avoir résolu les problèmes vitaux que pose la cohabitation de la pensée logique et de la pensée magique, de la mentalité archaïque et de la mentalité moderne. Lorsque Lacan affirme que l'inconscient est structuré comme un langage, nous ne sommes guère plus avancés. Quel est ce langage que parle l'inconscient et qui de toute évidence n'est pas celui de la raison ? Comment ce langage est-il lui-même structuré ? Qui peut en témoigner si ce n'est celui ou celle qui — contrevenant à l'ordre logique — pratique inlassablement l'alchimie du verbe, autrement dit se laisse travailler par le démon de l'analogie ? D'un livre à l'autre, toute ma démarche autoanalytique témoigne d'une volonté de conscientiser la dynamique analogique à l'œuvre dans le subconscient. En deçà du seuil de la raison distinctive pour qui A est A et non B, C ou D, pour qui «je» ne peut en aucun cas être un autre, a cours un raisonnement non duel, une logique à quatre termes selon laquelle A est à B ce que C est à D, je étant à l'autre ce que l'autre est à je. Cette logique de tiers inclus où se joue le grand jeu de la création ne génère pas des concepts mais des réseaux d'images qui donnent lieu à des métaphores. Ces métaphores jouant, s'annulant entre elles deviennentconductrices de cette foudre mentale — pure intuition du réel — que seul peut véhiculer l'aphorisme. La fulgurance de l'aphorisme poétique signifie la commune présence des différents, de la consubstantialité originelle de A, B, C et D. Poésie pure où s'abolit le hasard (Mallarmé), folie pure au regard de l'ordre logique. C'est dans cet instant de poésie pure où se perd la raison distinctive que le poète retrouve la mémoire ignée de l'origine commune. Cet instant où se retrouve l'éternité (Rimbaud) n'est autre que ce « point » dont André Breton écrit : tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement.Or, c'est en vain qu'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point. Mais c'est aussi dans l'initiation à l'Illimité (Hôlderlin) que se conçoit l'importancevitale des limites, c'est dans la révélation de l'infinie liberté de l'esprit que se conçoit la nécessité des contraintes que lui oppose la raison. Il faut avoir perdu la raison primaire pour qu'advienne cette raison mûrie, humanisée, travaillée par l'ineffaçablemémoire de sa perte, fécondée par l'inextinguible présence de son « orient »Reactivé. Tout le problème d'une conscience trouée, désastrée par l'intuition de l'infini, c'est de renouer avec sa finitude, de négocier avec elle les conditions d'un nouveau modus vivendi, d'une nouvelle alliance où raison et intuition n'en finiront plus de s'entretenir l'une l'autre. La pensée qui s'autorise de cette nouvelle alliance est celle de la conscience de conscience, transparente à elle-même, connaissante à la fois de ses limites et de l'illimité, qui voit sa totalité comme une double tension entre deux absolus, entre le sommet de sa pyramide logique et celui du mont analogue (Daumal). Double tension entre le pôle de la raison pure et celui de l'intuition pure, l'une se potentialisant de l'actualisation de l'autre, l'une vivant de la mort de l'autre comme il en est du jour et de la nuit. L'excessive pureté de la raison rejoint l'excessive pureté de la passion dans la folie. La pensée du tiers ne peut être qu'impure, ambiguë, à la fois solaire et lunaire; elle ne peut se faire une santé que de la complexité qu'engendre le double jeu pervers de l'idéalité. En mettant au jour le double jeu totalitaire de l'absolu, la conscience de conscience se donne à penser cette relativité universelle qu'est l'infini dans le fini, non plus dans l'ailleurs mais ici maintenant. Matière inépuisable au verbe de la présence réelle. 



M.V. - Qu'advient-il dès lors du rapport que tu établis entre le poétique et le politique? 

CL. - Précisément, au-delà de l'abolition du rapport d'exclusion qui fut le leur depuis Platon, les formes de la nouvelle alliance du poétique et du politique sont à inventer. Lorsque j'écris qu'en son équinoxe d'automne ma pensée est entrée dans la terre promise à l'obstination poétique, il s'agit bien de cette cité perdue — l'Atlantide? — dans les profondeurs de notre mémoire, cité retrouvée au terme d'un périlleux retour aux sources, avec laquelle l'ère qui s'ouvre devra compter. Il n'y a de nouveau que de l'origine. Le post, c'est quand le pré se réveille. Le fond de la mémoire ne refait pas surface sans que se ruinent les structures de la Cité idéale; l'avenir va devoir se faire une raison de la résurgence de Yarkhé. Tout porte à croire que la barbarie qui s'annonce n'aura pas lieu parce que les poètes reviennent. Comment ne pas citer ici pour la énième fois, cette prédiction de Rimbaud : L'Art éternel aurait ses fonctions, comme les poètes sont citoyens. La Poésie ne rythmera plus l'action; elle sera en avant. Ces poètes seront ! Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra par elle et pour elle, l'homme, jusqu'ici abominable, — lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l'inconnu ! Ses mondes d'idées différeront-ils des nôtres ? — Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons. 

Informée, par expérience intérieure, delà consubstantialité originelle de je et de l'autre, la conscience en est immédiatement et irréversiblement transformée. Comment pourrait-elle encore sans se trahir soi-même se conformer à la loi discriminante de la civilisation patriarcale lorsqu'elle vient de concevoir l'essence même de la liberté, de l'égalité et de la fraternité ? La fonction du poète dans la Cité n'est-elle pas d'y incarner la parole décryptée d'une commune présence (R. Char) ? De ressusciter l'origine dans l'ornière historique où nous sommes embourbés? Il est urgent de prendre à la lettre cette affirmation de Rimbaud selon laquelle la poésie sera en avant, celle de Lautréamont selon laquelle la poésie sera faite par tous ; de comprendre que nulle révolution sociale n'a de chance de réussir si elle n'a pas d'abord eu lieu dans les structures de l'imaginaire, si la fonction poétique ne se réactive pas dans la conscience de chacun. Il existe un seuil de lucidité poétique où la conscience aiguë du « rejet» se métamorphose en «projet» de changer la vie, projet d'une société postpatriarcale dont le travailleur poétique sera citoyen comme le travailleur scientifique, l'un s'ouvrant à l'expérience de l'autre, ce qui ne va pas sans la destruction du surmoi rationaliste qui entretient leur adversité. // faut être résolument moderne, ne pas perdre le pas gagné, dit encore Rimbaud. Pour ne pas perdre ce pas gagné par la civilisation, il est urgent de rendre à l'origine son droit de balbutier. Au poète maintenant de s'affranchir ; nul autre que lui-même ne lui rendra sa citoyenneté. 

M.V. - Comment vis-tu ces difficultés de l'expression poétique de la pensée ? 

CL. - Durement. Irriguer cette longue absence du cœur dans les mœurs, ce désert de l'amour que nous lègue le Patriarcat n'est pas une sinécure. Remonter l'eau vive du fond du puits nécessite un énorme travail d'écriture, un temps fou, à l'égal du temps qu'il fallait à Sisyphe pour rouler sa pierre jusqu'au sommet de sa montagne. Il y a plus d'un quart de siècle que je travaille à libérer les sources inhibées en amont de la mémoire, à penser l'aride jusqu'à ce qu'il délivre sa fleur et son fruit. Il n'y a pas de marché littéraire où cette parole du désert se vende à la foule comme des petits pains. Il faut toutefois la publier, sachant qu'elle prendra le temps qu'il lui faut pour parvenir à l'oreille de ses destinataires. La solitude est inhérente au métier de penseur de fond : de le comprendre la rend de moins en moins amère. La pire des damnations serait de gauchir sa parole, de vouloir la vulgariser pour qu'elle atteigne le grand public. L'autotrahison est la plus infernale, la plus inexpiable de toutes. 

M.V. - Qu'est-ce donc en définitive qu'une pensée poétique? 

CL. - Je dirai que c'est la pensée commune à l'être et au nonêtre, au sujet pensant et à l'objet pensé. Une pensée de l'interférence, du court-circuit. De l'interaction des contraires se produisent des éclairs de lumière-nature, des instants d'origine dont le verbe se fait matière première. Des éclairs de génie dont on peut dire qu'il est l'énergie même de la différence. Ayant conçu ces instants de pur silence, de pure puissance, la pensée poétique les porte — comme un ventre porte un embryon — jusqu'à leur terme d'imagefleur, et s'il parvient à se faire un deuil fécond de la fleur, jusqu'à leur terme de fruit partageable, fruit défendu de la connaissance poétique dont il est dit par le serpent de la genèse que ceux qui en mangent seront comme des dieux. La pensée poétique est vitalement transgressive. Elle meurt d'obéir à toute autre loi que la sienne. Mais tous les instants conçus par le poète ne parviennent pas à maturité. La pensée poétique est aussi un cimetière de possibles avortés dont elle se fait un humus. La poésie, c'est le verbe de «la» vie qui s'aime soi-même à travers l'expérience d'«une» vie, l'autographie de la vie qui n'a d'autre passion qu'elle-même, qui ne pense qu'à soi, à se subvenir de la mort des formes qu'elle enfante, de leur métamorphose continuelle. Lorsqu'uneexistence s'autofinalise, la poésie — la vie de la vie — s'en retire. C'est ainsi qu'elle se dessèche ou se corrompt jusqu'à la moelle. La poésie qui m'habite, avec qui je fais corps est pure exigence d'elle-même. Elle ne cesse de ruiner mes prétentions, mes projets et mes ambitions personnels pour se faire de quoi se propulser en avant d'elle-même. Elle ne me laisse jamais le temps de m'attarder à l'ornière des résultats (R. Char), le temps de la complaisance. À peine le temps de se réjouir de sa fleur, de jouir de son fruit et nous repartons en quête d'un nouvel éclair. Mallarmé dit de la poésie: pour moi, la Poésie me tient lieu d'amour parce qu'elle est éprise d'elle-même et que sa voluptéd'elle repose délicieusementt en mon âme.Lorsqu'un vivant cède au désir vertigineux de faire corps avec la vie, lorsqu'un poète épouse la poésie, c'est sa propre mort qu'il épouse, qu'il reconnaît en tant qu'elle est son âme, à la fois son amie et son ennemie intime, en tout cas la part la plus incorruptible de lui-même, la pierre de touche de son existence, avec qui il partagera sa solitude, pour le pire et pour le meilleur. Le poète n'a pas en son après-midi de compagne plus exigeante, plus légitime que sa propre mort, cette mort-là qui est la vraie vie de la pensée. 



Heidegger qui affirme que la science ne pense pas, écrit par ailleurs : ce caractère de la pensée, qu'elle est œuvre de poète, est encore voilé. Là où il se laisse voir, il est tenu longtemps pour l'utopie d'un esprit à demi-poétique. Mais la poésie qui pense est en vérité la topologie de l'Être. À celui-ci elle dit le lieu où il se déploie. A-t-il voulu signifier par là que la philosophie, à l'instar de la science, ne pense pas ou pas encore? N'a-t-il pas là prononcé la plus lucide autocritique de la philosophie que n'a pas encore sinistrée la conscience de sa propre mort? N'a-t-il pas lui-même annoncé cette mort en rouvrant au poète la porte que Platon — cet ennemi de l'art, le plus grand que l'Europe ait produit jusqu'à ce jour, écrivait Nietzsche — lui avait interdite? 

La violente polémique qui s'est récemment allumée autour de la faute et du silence de Heidegger n'est pas seulement le procès que la philosophie intente à l'un de ses maîtres les plus prestigieux mais celui qu'elle s'intente à elle-même. Comment la philosophie occidentale pourrait-elle juger équitablement Heidegger sans se soupçonner elle-même fondamentalement, sans chercher jusque dans son principe fondateur les racines de la barbarie du 20e siècle ? Brisée la statue du Maître, le philosophe orphelin n'échappe plus à la nécessité de se penser soi-même pour gagner sa « vraie vie » quotidienne. Cette part de légitimité que ne lui confère plus désormais son appartenance à une élite intellectuelle au-dessus de tout soupçon, où la trouverait-il sinon à ses propres yeux, dans le suicide ou dans une remise en question radicale de l'héritage philosophique ? L'héritier légitime maintenant logé à la même enseigne que le penseur bâtard exclu de la famille, mais bien mal équipé pour la plongée dans les profondeurs prélogiques... Il faut pourtant descendre au tombeau pour retrouver la mémoire d'avant l'interdit, pour comprendre que l'Ordre du Père s'est fondé sur cette pierre tombale de la générosité qu'est le principe d'exclusion de l'étrangeté du tiers ; pour voir de ses yeux voir que la civilisation occidentale porte en son principe même la fatalité du fratricide et du génocide. Quelle chance de résurrection sinon le dialogue de l'héritier légitime et du bâtard qui connaît l'inconscientcomme sa poche ?

Pas plus qu'il ne peut être blanchi, Heidegger ne peut devenir le bouc émissaire chargé de purger la philosophie de tous ses errements. Son héritage est lourd d'un silence qui peut être d'or s'il contraint ses légataires à mettre sa parole en doute. Ce silence ne leur dira rien qui puisse les éclairer s'il fait l'objet d'une condamnation imbécile. Pour qu'il leur parle intimement, il faudrait — comme l'a fait Pierre Mertenspour le poète allemand Gottf ried Benn, coupable lui aussi mais moins lourdement — se mettre en poète dans la peau de Heidegger partagé entre l'attraction de l'idéologie nationaliste et celle de la poésie universelle, ayant succombé à la tentation de ces deux incompatibles. 

Ce silence philosophique sur l'horreur de l'holocauste est sans doute ce qui, au cœur même de l'œuvre de Heidegger, donne le plus vertigineusement à penser, à concevoir le vide — la mort du Réfèrent crédible — qui radicalise l'incompatibilité de l'engagement idéologique et de l'engagement poétique. Cet abîme ne fut jamais plus béant qu'il l'est dans la conscience de notre temps ; tous les funambules nietzschéens s'y sont écrasés. La dernière chance est au spéléologue. Il n'y a que le fil d'Ariane pour éclairer ses pas. Il est de jour en jour plus évident que la dépression infernale dont souffre la conscience contemporaine, c'est ce vide de commune présence, ce trou de mémoire fraternelle devenu charnier, dont elle se sent à la fois coupable et non coupable, dont elle cherche désespérément à se détourner, à se laver les mains, se croyant impuissante à en surmonter la fatalité. Comment consentir à ce prix de plus en plus exorbitant de l'identité individuelle et sociale qu'est le versement du sang de la différence, sinon par la croissance monstrueuse de l'indifférence ? Le minotaureque combat la poésie, la maladie la plus contagieuse de ce temps, c'est l'indifférence. L'innommable, l'immonde de plus en plus ordinaire nous livre aujourd'hui son véritable nom, c'est l'indifférence. Si l'indifférence n'est d'abord qu'une cuirasse, il arrive qu'elle s'épaississe jusqu'à gagner les entrailles. Avant qu'elle achève de pétrifier les cœurs, l'urgence de la poésie, c'est de chercher le défaut de la cuirasse. Comment aurait-elle encore le cœur de chanter, de se faire la fête tant qu'elle ne l'a pas trouvé ? L'indifférence générale m'obsède, je la sens parfois qui me gagne et de toutes mes forces je résiste à la progression du mal. Je sais que c'est dans la mesure où ce combat contre le poison du siècle s'intériorise, se personnalise que la lucidité poétique a quelque chance d'en devenir l'antidote efficace. Je n'ai rien d'autre à dire pour ma défense à ceux qui me reprochent d'avoir trahi la neutralité de la poésie. 

M.V. - Crois-tu que la lucidité poétique puisse occuper sinon combler le vide référentiel où nous laisse la débâcle des grandes idéologies? 

CL. - Il n'y aura pas de miracle, pas de résurrection messianique du référent-fils chargé de succéder au référent-père. Le Patriarcat, qu'on le veuille ou non, c'est virtuellement fini. Il suffira de quelques générations pour l'enterrer. À défaut de miracle scientifique,philosophique ou religieux, il faut miser sur la force opérative de l'oracle poétique (dans le sens où la parole poétique étant « en avant», elle donnera non seulement à penser mais à agir). C'est précisément dans le vide providentiel, dans le trou de mémoire fraternelle que peut s'aménager la fratrie postpatriarcale, sachant que les orphelins et les orphelines du Réfèrent disparu ne pourront plus compter que sur les ressources de l'interférence, sur les clartés mitoyennes (F. Verhesen) de leur dialogue pour s'orienter dans l'inconnu. Si une nouvelle éthique doit nous arriver, elle ne peut être que d'origine dialogique. 

M.V. - Ton œuvre recèle-t-elle, à tes yeux, une volonté didactique, une intention de moraliste? 

CL. - Question perfide... Dans un premier mouvement, je te réponds catégoriquement non. Puis, si je m'interroge sur la portée des mots, il me faut nuancer. Autodidacte, j'ai bien eu à voir, moi aussi, avec la question de l'enseignement. J'ai nécessairement été, et ne cesse d'être enseignée, mais « à la carte », selon mes faims et mes soifs du moment. Au-delà de seize ans, je n'ai jamais été mise en demeure, pour acquérir des diplômes, de retenir de grandes quantités de savoir. Mon désir naturel de connaître a eu tout loisir de s'individuer, de s'épanouir, de se différencier. Je suis incapable d'assimiler une offre d'information qui ne correspond pas à une demande intérieure précise. Ma mémoire est aussi prodigieuse comme faculté d'oubli qu'elle est médiocre comme faculté de rétention, ce qui m'a contrainte à admettre que je ne brillerai jamais par mon savoir. Le flair qui m'oriente dans la surabondance culturelle, c'est le désir de comprendre, de faire la lumière intérieure comme une abeille fait son miel. Je n'y butine que très parcimonieusement. S'il y a du surplus dans mes alvéoles, je m'empresse de l'oublier. « Évangile d'abeille », ai-je écrit quelque part. L'activité poétique est analogue à celle d'une ruche, Maeterlinck l'avait entrevu. Or, je me suis aperçue que ce qui se perd dangereusement dans ces temps boulimiques où la nécessité sinon la volonté d'emmagasiner du savoir devient monstrueuse, c'est ce flair qui nous guide infailliblementvers cela que nous cherchons sans même savoir que nous le cherchons, cet instinct de soi qui nous porte au-devant de l'autre, de cette part d'inconnu extérieur dont l'intériorisation révélera la part correspondante de latence intérieure. Si cet instinct de reconnaissance s'atrophie, la pensée du réel n'a plus les moyens de s'élaborer. Alors, si «volonté didactique» il y a dans mon écriture, ce ne peut être que l'envie de réveiller chez mon lecteur cette « insectitude», ce goût de la révélation de soi qui meut la poésie et dont tant de déprimés ignorent l'élémentaire volupté. 

Pour ce qui est de « l'intention moraliste », j'aurais tendance à dire que la pensée poétique est amorale au sens où elle n'accepte d'ordre que d'elle-même, mais si morale est synonyme de conduite, la fidélité à soi-même est une règle de vie extrêmement rigoureuse, la règle même de l'authenticité. Action et intention y sont indissociables,simultanées. Si le poétique est une éthique, c'est une éthique du rayonnement. Elle signifie, elle éclaire mais ne donne pas de consignes. 

M.V. - Pourquoi et comment ton œuvre a-t-elle évolué de la poésie vers l'essai ? 

CL. - J'écrivais, en même temps que mes textes poétiques, depuis longtemps déjà, des textes où je tentais d'analyser l'expériencepoétique pour en comprendre les ressorts profonds ; mais ces textes étaient publiés en revues ou demeuraient inédits. C'est dans l'écriture de l'Atelier que le passage à ce que j'appelle l'essai poétique s'est véritablement effectué. 

Au printemps de 1977, je fus brusquement éclairée par la puissance poétique de la Théorie des catastrophes du mathématicien René Thom, à laquelle j'étais attentive depuis plusieurs années déjà, tout en étant bien incapable d'en saisir la portée scientifique. Cette théorie avait manifestement quelque chose d'essentiel à me révéler de moi-même. C'est de l'aphorisme où R. Thom synthétisait sa théorie de la prédation que la lumière se fit : le chat affamé est la souris. Cette assertion qui me venait de l'inconnu extérieur que m'était la science recoupait ce je est un autre où ma pensée tournait en rond; lui apportait une confirmation telle qu'en un éclair je vis se lever l'inhibition, se mettre en œuvre la quadrature mentale — le métier — dont ma pensée n'arrêterait plus de se filer, de se métisser. Ainsi, est-ce de ce dialogue de la poésie et de la science que m'est venue l'irrésistible audace d'exprimer l'étrangete transgressive de ma pensée. C'est à partir de là que, souris-pensée, j'osai au mépris du sacro-saint principe d'identité, me mettre dans la peau du chat me pensant qui devenait ainsi le chat-souris pensé par la souris-chat. Je compris que la fatalité du rapport duel de domination était surmontable par la complexification de la relation, à condition du devenir sujet de l'objet et du devenir objet du sujet ; moyennant l'actualisation du masculin dans le psychisme féminin et l'actualisation du féminin dans le psychisme masculin. La relation de réciprocité — je suis à toi ce que tu es à moi — ne pouvait s'actualiser que de cette « fraternisation » de la relation des sexes, du devenir androgyne de l'imaginaire. Je serais mue désormais par la volonté de projeter le plus loin possible cette fraternisation interdite, incestueuseau regard de la Loi du Père. Autoanalyse poétique qui passerait pour une hérésie, irrecevable par l'orthodoxie psychanalytiquequi ne se ferait pas faute de la mettre à la porte de la république freudienne. Pensée métisse qui n'existe que de la transgression continuelle de la loi du genre, qui ferait donc le dur apprentissage de la vie du paria dans une civilisation qui ne pourrait jamais la légitimer. Il n'y avait donc rien d'autre à faire que travailler à l'avènement d'une fratrie postpatriarcale où la pensée métisse trouverait sa citoyenneté. Tel était le projet politique de ma pensée, conçu en 1977 mais qui ne devint pleinement conscient de lui-même que dans Âge poétique, âge politique. 

Cette année-là, 1977, je fus invitée par l'Université du Québec à Montréal, à faire un Atelier d'écriture durant le semestre d'été, en même temps qu'invitée à faire pour une revue française, Circé, un texte sur ma lecture poétique de la Théorie des catastrophes. C'est dans ce mémorable atelier que commença l'écriture d'un texte qui deviendrait mon premier essai poétique, l'Atelier, paru en 1979. Suivirent l'Issue, l'Œil de la lettre et récemment Âge poétique, âge politique, où se poursuivit l'autoanalyse. Dans l'écriture de ce dernier livre, se produisit une révolution mentale où périt décisivement mon imaginaire patriarcal. Par la force de sa «pensée de midi», Ariane y brise la statue du Commandeur qui s'était prise dans les filets qu'elle ne cessait de jeter dans les eaux mythiques de sa mémoire. Le surmoi patriarcal en miettes, il fallut d'urgence imaginer concrètement le nouveau monde, mettre en place les conditions dialogiques d'une fratrie mentale que la révolution rendait vitale. C'est ainsi qu'en catastrophe, en parenthèse urgente à ce livre, s'écrivit une pièce de théâtre intitulée le Désastre, constituée par le dialogue tout à fait délirant d'Ariane et de Don Juan se découvrant, non sans panique, orphelins de la Loi du Père. Ce dialogue, je viens de le sortir du placard où je l'avais enfermé pour le remettre sur le métier; peut-être le récrirai-je jusqu'à ce que je le sente publiable... 

C'est donc à l'issue de mon dernier livre que ma pensée a atteint cette demeure d'automne dont je disais plus haut qu'elle se situe sur la terre promise à l'obstination poétique. Que va devenir mon écriture ? À l'heure qu'il est, je ne peux que répéter la phrase qui clôturait l'Atelier : Qu'adviendra-t-il d'Ariane dans l'ère qui s'ouvre ? Qui vivra verra! Toutefois, à part ce dialogue d'Ariane et Don Juan, mûrit le projet d'une « lettre du poète au philosophe». 

M.V. - Peux-tu revenir, comme tu le proposais, sur la différence entre l'imaginaire poétique d'une femme et celui d'un homme? 

CL. - Je disais qu'une femme poète porte l'avenir autrement, la mémoire du corps féminin n'étant pas celle du corps masculin. Mais avant d'en arriver à la maturité porteuse d'avenir, il se passe une longue enfance biologique où le féminin et le masculin vivent dans une proximité dont la mémoire garde le secret toujours réactivable si elle entreprend le voyage initiatique qui la ramènera à son origine. S'il est vrai que la différenciation sexuelle, nulle au moment de la conception s'achève à la puberté, on peut s'imaginer le labyrinthe de la mémoire génétique comme une spirale qui naîtrait du point de fusion du principe mâle et du principe femelle et qui atteindrait son plus grand diamètre, sa plus grande polarisation à l'âge de la puberté. C'est sur cette base du « mont analogue » dont le sommet est l'instant conceptionnel que se construira l'édifice cubique de la mémoire adulte. La naissance marque le passage de l'état sauvage à l'état civil, où nous sommes à jamais déclarés fille ou fils d'un père et d'une mère. L'état civil annule purement et simplement l'état sauvage où nous avons vécu les neuf mois les plus déterminants de notre vie. La mémoire de la prénatalité, c'est la correspondante ontogénétique de la mémoire préhistorique. Notre histoire commence officiellement à notre naissance. La mémoire de ce qui s'est passé avant — la mémoire instinctive — est frappée d'interdit par la raison distinctive. Nul n'y retourne sans s'attirer la malédiction du Père outragé, sans encourir les risques et périls inhérents à l'exploration de ce continent noir où la raison duelle n'entre pas sans se perdre. 

À n'en pas douter, la mémoire prénatale est ce continent perdu, ce labyrinthe maudit des grandes initiations, ce creuset alchimique où toute vie, toute poésie s'élabore. Toutes les tentatives rationnellesd'en percer le secret sont vouées à l'échec. S'il m'est évident que toute poésie est androgyne, il n'en est pas moins évident que la mémoire qui en « retrouve l'éternité » est celle d'un homme ou celle d'une femme. Et c'est ici, dans le cheminement de la pensée quêteuse d'origine que je vois la différence entre l'écriture poétique d'une femme et celle d'un homme. D'abord différence culturelle, car le temps consacré par un homme « à la recherche du temps perdu», le temps d'écrire, lui est concédé par la civilisation patriarcale. Il n'a pas à le voler. Penser est un droit de l'homme, bafoué, il est vrai, dans maintes circonstances. Quant au droit des femmes à la libre pensée, il n'existe jamais dans la civilisation patriarcale que dans la mesure où elles le prennent, dans la mesure où elles ont l'audace et le courage de se donner « une chambre à soi », la jouissance d'un temps volé au service de la maison du père, du fils et du mari, donc un temps forcément coupable. Cela étant dit, je ne peux être d'accord avec Simone de Beauvoir selon qui on ne naît pas femme, on le devient culturellement. Cette théorie qui fait trop bon marché de la différence naturelle est invalidée par l'expérience poétique. Transgressé l'interdit culturel de s'autographier, une femme poète se retrouve en proie à sa double nature, mais le chemin mémorial qu'emprunte sa pensée pour retrouver l'origine androgyne n'est pas celui d'un homme. La féminité d'un homme n'est pas identifiable à celle d'une femme comme la virilité d'une femme n'est pas identifiable à celle d'un homme. En somme, il n'y a pas deux sexes, il y en a quatre. Si les contraires sont idéalement deux, ils sont réellement quatre. Comprendre ça, ça change tout 

M.V. - As-tu rencontré dans la littérature québécoise des manières, des styles, des inspirations, des témoignages qui ont stimulé ta démarche et que tu rapprocherais de ton œuvre ? 

CL. - Je renonce à citer des noms, sauf celui d'un écrivain disparu, Hubert Aquin ; il y a trop d'écrivains et surtout d'écrivaines dont je me sens proche d'une manière ou d'une autre depuis bientôt treize ans que je viens régulièrement au Québec, j'en oublierais. J'ai avec eux une complicité, une amitié que je n'ai connue nulle part ailleurs. Je partage avec la plupart cette fratrie, cet « esprit d'atelier » qui nourrit ma pensée, qui n'existe pas ou si peu entre les écrivains de chez nous. Ce n'est pas par hasard si l'Atelier a pris naissance à Montréal. Ils sont entrés de plain-pied dans l'ère postpatriarcale. Quant à Hubert Aquin, j'ai récemment découvert son œuvre avec une grande émotion. En exergue à mon dernier livre, publié aux éditions de L'Hexagone à Montréal, j'ai cité cet extrait de Profession écrivain : Quelque chose d'autre m'importe, un au-delà littéraire qui n'est pas une métalittérature, ni un nouveau déguisement de la vieille ambition, mais qui est la destruction du conditionnement historique qui fait de moi un dominé.



Claire Lejeune est décédée le 6 septembre 2008 à Mons.


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